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cuter. Dès les premiers jours de janvier 1317, il se dirigeait vers la ville de Reims et se faisait sacrer le 9 janvier. Ce sacre fut comme furtif et honteux. Un coup de main était à craindre. On ferma les portes de la ville, comme si l’oint du Seigneur eût eu peur d’être enlevé, et le nouveau roi eut soin de se faire garder par une forte troupe armée. Toutes ces précautions trahissaient l’inquiétude. L’avenir, en effet, était très incertain. Ce trône à peine élevé semblait manquer d’appui. Le matin même du couronnement, Charles, comte de la Marche, frère du roi, était sorti de Reims, comme indigné de l’usurpation qui allait se consommer. L’oncle du roi, le comte de Valois, avait, de son côté, refusé d’assister à la cérémonie. Bien entendu, Eudes s’était abstenu[1]. Dans ces conditions, le sacre ne pouvait produire sur la nation un effet moral très avantageux au roi. Philippe le sentit et chercha, par d’autres moyens, à agir sur l’opinion. Il réunit à Paris, dans les premiers jours de février 1317, une assemblée composée de nobles, de prélats, de docteurs de l’Université et de bourgeois de Paris[2]. Cette assemblée, à laquelle on a donné abusivement le nom d’états généraux, approuva et confirma l’avènement du nouveau roi.

Le 3 février 1317, l’Université fit parvenir une adhésion spéciale dont le texte s’est conservé. Cette intervention de l’Université attire mon attention.

Le temps est proche où les maîtres de l’étude et du savoir

  1. Lettre d’Eudes au comte de Flandres du 26 décembre 1316, avec post-scriptum qui doit être un peu postérieur, dans Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1864, 2e partie, p. 67. Témoignage contraire dans les Anciennes Chroniques de Flandre (Dom Bouquet, t. XXII, p. 407) ; mais ce témoignage est certainement erroné.
  2. Je suis ici le continuateur de Nangis, qui dit : burgensibus Parisiensis civitatis ; mais les Grandes Chroniques s’expriment ainsi : « furent assemblés… plusieurs barons, nobles, prélas, bourgeois en la cité de Paris. » Voir Géraud, Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I, p. 434, avec la note 1. Joindre Hervieu, Recherches sur les premiers états généraux, p. 122-133.