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au droit des filles ; sorte de scrupule de conscience déposé pour la forme dans cet instrument diplomatique. Philippe est investi du gouvernement de la France ; mais il semble bien que les parties ont eu l’intention de réserver le titre de roi jusqu’au jour de la majorité des deux filles de Louis X. On dépouille ces enfants (en leur laissant toutefois la Navarre et la Champagne) ; mais, cette renonciation n’étant encore que provisoire, les princes n’accordent pas au régent le titre de roi : il recevra les hommages comme « gouverneur, » non pas comme roi. Si j’essaye de démêler la pensée secrète des principaux contractants, voici ce que j’entrevois : les grands feudataires entendent, par ces conventions, organiser pour longtemps un gouvernement faible, et c’est ainsi qu’ils servent la cause de l’aristocratie, qu’ils servent leur propre cause. Philippe, de son côté, adhère volontiers à un arrangement qui, du moins, lui confère le pouvoir : il espère ne se jamais dessaisir de ce pouvoir ; il saura en faire un pouvoir fort ; il saura en faire le pouvoir royal. Tel est, à mon sens, le calcul de chacune des parties. Le compte vrai était celui du régent. On ajoute d’ailleurs que, si la reine met au monde un fils, cet enfant sera roi.

Les chroniqueurs ne mentionnent pas ce traité. Ils ont pu l’ignorer. Ils ont pu aussi, écrivant après les événements, ménager Philippe le Long et écarter un témoignage gênant. Mais nous savons par eux que Philippe convoqua à Paris une assemblée de princes et de barons. Cette assemblée, nous disent-ils, l’investit du gouvernement du royaume. Si la reine donne le

    partenir. » (Dom Plancher, Hist. de Bourgogne, t. II, Preuves, p. CLXII, CLXIII, pièce no 224.) Ce texte se trouve aussi dans Secousse, Recueil de pièces servant de preuves aux Mémoires sur les troubles excités en France par Charles II dit le Mauvais, Paris, 1755, p. 2-5. Le mot renoncer dont je crois pouvoir me servir en résumant ce document n’est pas dans le texte. Il est bon de le remarquer.