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l’histoire contemporaine.

La solution de la difficulté particulière dont je vais vous entretenir peut paraître liée à celle de la question plus générale que j’ai indiquée ; elle l’est, en effet, dans une certaine mesure ; je ne les crois pourtant pas étroitement connexes. Il s’agit de l’enseignement de l’histoire contemporaine. Récemment, les agrégés d’histoire des lycées avaient à élire l’un d’entre eux pour les représenter au Conseil supérieur de l’Instruction publique : tous les candidats étaient d’accord pour demander qu’on donnât plus d’importance dans les programmes à l’histoire contemporaine. — Presque en même temps, une circulaire de M. le Ministre de l’Instruction publique prescrivait aux professeurs d’arrêter leur cours au vote des lois constitutionnelles de 1875, interdisait même dans les lycées et collèges l’emploi de livres classiques dépassant cette date[1]. Ainsi, deux tendances contraires se sont manifestées simultanément. Les journalistes se sont emparés de la circulaire ministérielle et l’ont attaquée ou défendue avec leur compétence ordinaire, se guidant d’après le grand principe qui dirige la presse — à quelques honorables exceptions près — ne jamais considérer une mesure en elle-même, mais n’avoir égard qu’à la personne et aux opinions de celui qui la prend[2]. Les Académies n’ont pas encore tout à fait les mêmes habitudes. Il me suffit d’avoir constaté que deux systèmes sont en présence, soutenus d’autorités considérables. Laissons maintenant de côté les personnes et plaçons-nous à un point de vue plus général. Demandons-nous, sans tarder davantage : « L’histoire contemporaine est-elle matière d’enseignement secondaire ? »

Jusqu’au ministère de M. Duruy, sous le second Empire,

  1. Circ. du 23 février 1901.
  2. Il est inutile, je pense, de rien citer ici de ces appréciations. Je crois pourtant devoir faire une exception en ce qui concerne une note de M. G. Monod dans la Revue historique, mai-juin 1901, p. 98, à raison de la situation de son auteur. M. Monod dit que « la mesure récente qui ordonne d’arrêter à 1875 l’enseignement de l’histoire antérieure de la France doit avoir eu pour objet de faire retirer des bibliothèques scolaires le manuel Maréchal-Auzou sans le désigner nominativement »