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les variations du climat de toulouse.

demi-siècle à 23 687 409, et nous amène, par accroissements successifs et sans nouveau fléchissement, à représenter, comme nous l’avons dit, un contingent équivalent à la cinquième partie de la population de l’Europe au commencement du dix-neuvième siècle.

Qui ne voit avec un peu de réflexion que « la population a un flux et un reflux qui enrichit ou appauvrit diverses régions, comme la mer découvre une plage pour en absorber une autre. » Ainsi, on a constaté naguère qu’aux États-Unis, dont le peuple est réputé essentiellement prolifique, certains comtés voient le taux des naissances diminuer d’une manière très sensible à l’égard de la mortalité. « Lors du recensement de 1880, on comptait 30,95 naissances par 1 000 habitants. En 1890, ce taux est descendu à 26,48, soit une diminution de 24,27 pour 100. Cette diminution n’a cessé depuis de s’accentuer, et on ne constate plus actuellement, dans certaines régions, que la faible naissance de 11 (Massachusetts) à 7,76 sur 1 000 habitants. » Et, d’autre part, il y a pléthore. « Il faut être bien instruit ou bien hardi pour calculer ou balancer les pertes et les gains de l’humanité. »

Ces considérations peuvent paraître optimistes : néanmoins on aurait tort de les repousser. En établissant, à l’aide de l’érudition, ce fait trop oublié ou qu’on ignore, à savoir que notre pays a traversé des crises du même genre, plus longues et plus inquiétantes, elles permettent d’accueillir l’espérance d’un avenir meilleur. Elles prouvent, au surplus, à ceux qui seraient tentés de faire intervenir ici les influences du climat, dans l’intérêt d’une thèse insoutenable, qu’il n’existe aucune corrélation entre ces influences et les fluctuations de la natalité. Quoi qu’il en soit, si nous nous dépeuplons, ce qui n’est réellement exact que par comparaison avec des voisins plus prolifiques, il ne s’ensuit pas, comme on va le voir, que nous mourions plutôt, le climat conservant d’ailleurs la sereine indifférence que nous lui connaissons.