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l’enfant mourut presque en venant au monde, on lui fit accroire tout ce qu’on voulut. Et que ne fait-on pas pour tromper les maris ?

Il faut convenir qu’il a été très-difficile de trouver le père de cet enfant, tant il y avait de gens qui y avaient travaillé. C’était à Mme d’Inville que ma mère était redevable de son mariage avec Ambroise ; c’était une dot de 1 500 livres qu’elle lui avait donné, qui avait aveuglé le bon homme et lui avait fait regarder comme la plus grande calomnie tous les propos injurieux qu’on débitait dans le village. Combien l’argent a fait et fera de cocus ? Il aurait été impossible que madame d’Inville eût agi moins généreusement avec ma mère, qui savait toute sa vie et qui aurait pu la trahir, sans les différens présens qu’elle recevait et qui lui ôtaient toute envie de jaser ; d’ailleurs, elle sentait plus que personne tout le prix de la discrétion.