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DE SUZON.


Les différentes poſtures qu’elle me faiſoit prendre, m’indiquerent bientôt que l’orage ne lui avoir ſervi que de prétexte pour venir me trou ver. Nous paſſâmes enfin la nuit la plus délicieuſe, & j’appris que les femmes peuvent ſe procurer entr’elles des plaiſirs très-grands, ſans avoir à craindre mille dangers qui naiſſent du commerce des hommes,

Je détaillerois ces plaiſirs, ſi je n’étois pas perſuadée qu’ils ſont très-connus, & ſur-tout parmi les femmes du premier rang : ce qui n’eſt point étonnant, car on n’a point à craindre, en ſe conduiſant ainſi, d’être obligée d’élargir ſa ceinture, & de donner de la jalouſie à qui que ce ſoit.

Je ne ſais cependant ſi les hommes doivent être contens de voir régner un pareil goût, & s’ils ne devroient pas plutôt faire tous leurs efforts pour l’empêcher. Ils doivent S’appercevoir que les bonnes fortunes ſont devenues bien plus rares pour eux depuis cette épidémie parmi celles de mon ſexe. Ne pourroit-on pas