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DE SUZON.


me la force de ſortir de mon lit, je m’étois enfoncée la tête ſous la couverture, pour ne point voir toutes les horreurs de cette nuit épouvantable. Foible remede ! ma crainte ne faiſoit que s’accroître.

Je regardois cette nuit comme la derniere de ma vie, quand je ſentis quelqu’un ſe gliſſer ſous mes draps. J’étois prête à crier, mais j’entendis une voix qui me raſſura & que je reconnus pour être celle de la Sœur Monique. Elle me dit que la peur du tonnerre l’avoit déterminée à venir coucher avec moi. Je le crus, & j’en fus ſort aiſe, ſur-tout que ce fût elle. Elle avoit toujours paru avoir plus d’amitié pour moi que tout le reſte du Couvent. Je crus d’abord que la nuit alloit ſe paſſer à cauſer de tout ce qui ſe faiſoit dans le Couvent, à paſſer en revue toutes les actions des Sœurs, & à critiquer ſur-tout la conduite de la ſupérieure. Le bruit commun, à la vérité, étoit qu’elle couchoit toutes les nuits avec le Directeur de la maiſon :