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MÉMOIRES


tinuels amuſemens ; combien je me trompois ! Je crus le premier mois que je ſuccomberois ſous l’ennui mortel qui me conſumoit. Ce qui me déſeſpèroit le plus, c’eſt que mes compagnes, en évitant de m’aſſocier à leurs jeux, ſembloient me reprocher la baſſeſſe de ma naiſſance. Pour tout dire, en un mot, les duretés de ma mere me ſembloient préférables à l’indifférence que tout le monde témoignoit à mon égard.

J’étois déjà décidée à faire écrire à Madame d’Inville, pour qu’elle eût la bonté de me retirer du Couvent, lorſqu’une Sœur novice me fit perdre en un inſtant cette réſolution. C’eſt de la Sœur Monique dont je veux parler : c’eſt elle qui m’enſeigna les plaiſirs réſervés aux élus de Dieu. C’eſt aux nuits charmantes qu’elle me fit paſſer dans ſes bras, que je ſuis redevable du goût que je pris pour le Couvent. Autant je deſirois auparavant de revenir chez mes parens, autant j’aurois été fâchée qu’on me retirât.