Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée
87
DE SUZON.


marraine me recommanda beaucoup, ainſi qu’aux autres Meres de la maiſon. Madame d’Inville, en me quittant, m’embraſſa tendrement & me gliſſa un louis dans l’a main, qu’elle me dit d’employer à régaler les autres penſionnaires.

Me voilà donc dans un Couvent, dans ce lieu dont je m’étois fait une idée bien au-deſſus de ce que je fus à même d’en juger quand j’y fus entrée. Au milieu de cinquante ou ſoixante compagnes, de caractères & d’humeurs différentes, toutes me faiſoient des queſtions & tâchoient de pénétrer dans laquelle de leur ſociété je devois être admiſe ; car toutes les penſionnaires en formoient pluſieurs. Ce qui me picqua à la fin, ce fut de voir que ma franchiſe ne me faiſoit pas faire un pas dans leur confiance.

Ne pouvant deviner le but de leur curioſité, j’étois décidée de mettre moins de ſincérité dans mes réponſes. Je m’étois imaginée que ma vie au Couvent ſe paſſeroit dans de con-