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MÉMOIRES

Si au moins Toinette avoit eu un petit chien qui m’eût rendu le même ſervice que Pyrame, les deux heures qu’elle me fit attendre ſe ſeroient écoulées plus rapidement.

Dès que le Pere Procureur, avec qui elle étoit dans ſa chambre fut ſorti, elle s’occupa juſqu’au ſouper des préparatifs de mon départ. Le lendemain ma marreine arriva à l’heure dite. Le bon homme Ambroiſe verſa des larmes en me voyant partir ; ma mere affecta un peu de chagrin. Quant à moi, je ne pus m’empêcher d’en répandre dans le ſein de mon pere, qui m’avoit toujours beaucoup aimée : mais je quittai ma mere avec preſque autant d’indifférence que ſi je ne l’avois jamais connue. J’étois depuis long-temps trop malheureuſe avec elle pour être fâchée de notre ſéparation.

Le Couvent où l’on me conduiſit n’étant éloigné de notre Village que de quatre lieues, nous y arrivâmes en très-peu de temps : nous nous rendîmes chez la Supérieure, à qui ma