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MÉMOIRES


pas été… vous m’auriez privé du plaiſir de voir cette belle enfant. Qu’elle eſt intéreſſante ! Qu’elle ſera belle, tout en diſant cela, le paillard me ſerroit amoureuſement les mains & me regardoit avec des yeux ſi enflammés par la paſſion, que la timidité me fit baiſſer la vue. Je lui entendis même dire, entre le haut & le bas, qu’il voudroit être chargé, quand j’aurois quinze ans, de me donner la premiere leçon d’amour.

Tout ce qu’il diſoit & faiſoit étoit une énigme pour moi, il auroit parlé & agi encore plus indiſcrétement, que je n’y aurois rien compris.

Ma marreine, cependant lui fit ſigne de ſe taire & me demanda ſi je ſerois bien aiſe d’être miſe au Couvent. Sur ce que je lui répondis que je n’avois aucune répugnance à faire la volonté de ma mere & la ſienne, elle me promit que ſi je contentois bien mes maîtreſſes, & que ſi je me conduiſois bien qu’elle m’attacheroit auprès d’elle, lorſqu’elle m’en