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DE SUZON.


ce qu’il vouloit me faire entendre par ſes careſſes, & ne pouvois m’acquitter envers lui qu’en en redoublant à ſon égard. J’ai ſu dans la ſuite que ma chere marreine lui donnoit une dragée toutes les fois qu’il lui faiſoit cette beſogne, & moi pour l’exciter, pour ainſi dite, à ſe ſurpaſſer, je lui en donnois deux quand je l’employois ; ma généroſité avoit ſon but, le déſir qu’il avoit d’avoir deux dragées, le faiſoit tellement dépêcher & l’excitoit à darder ſa langue avec tant de précipitation, que l’affaire ſe faiſoit en un inſtant, & avec tant de plaiſir que mon ame pouvoit à peine y ſuffire. Il ſaut avouer que Madame d’Inville avoit bien des reſſources dans l’imagination, ou plutôt que la nature eſt bien ingénieuſe. Quel génie heureux cette Dame avoit ! Que de ſages précautions elle employoit pour cacher, d’un voile impénétrable, ſes plaiſirs habituels ! Un Abbé tartuffe par état, & libertin par inclination, un chien fidele comme tous ceux de ſon eſ-

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