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DE SUZON.


connoiſſance que j’avois, des bontés quelle avoit pour moi. Après une ample leçon ſur tout ce que j’avois à dire & à faire, je me mis en route.

Chemin faiſant, je repaſſois tout ce qui m’avoit été dit, j’étudiois & préparois mes réponſes afin d’intéreſſer à mon ſort Madame d’Inville le plus que je pourrois. Les réflexions que je faiſois ſur le nouveau genre de vie que je menerois dans le Couvent, & ſur le bonheur dont je devois y jouir, me conduiſirent juſques dans la Cour du château, ſans m’être preſque apperçue de la longueur du chemin que j’avois fait. Sa vue me déconcerta beaucoup & m’ôta toute ma hardieſſe pour faire place à une timidité qui me rendit preſque tremblante. Mais j’eus tout le temps de me remettre. Le Concierge en me voyant paroître, me dit qu’il avoit ordre de me faire déjeûner ; qu’après cela je pourrois attendre dans le ſallon de compagnie, où Madame d’Inville viendroit me retrouver ſur