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DE SUZON.


avoir été dix ans à une ſi bonne école. Elle ſeroit demeurée toute ſa vie au ſervice de ma marreine, ſi, contre l’ordinaire des femmes qui ſavent goûter, tous les plaiſirs de l’amour ſans en jamais reſſentir les amertumes, elle ne fût devenue enceinte. Alors pour éviter tout ſcandale, il fallut la marier. Ambroiſe, comme un autre S. Joſeph, fut jugé ſeul digne d’unir ſa deſtinée à celle de Toinette.

Il ne tarda pas à ſe repentit de l’avoir emporté ſur ſes rivaux, en ſe voyant pere d’un enfant que, malgré ſa bonhomie, il ne s’attendoit pas devoir paroître trois mois après ſon mariage. Comme l’enfant mourut preſqu’en venant au monde, on lui fit accroire tout ce qu’on voulut, & que ne fait-on pas pour tromper les maris ? Il faut convenir qu’il a été fort difficile de trouver le véritable pere de cet enfant, tant il y avoit de gens qui y avoient travaillé. C’étoit à Madame d’Inville que ma mere étoit redevable de son mariage avec Ambroiſe. C’étoit