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DE SUZON.


par cette meme femme chez ma mere, qui fut obligée de me punir, pour faire voir qu’elle étoit auſſi ſcrupuleuſe ſur cet article, qu’aucune femme de ſon village.

Cette hiſtoire fut bientôt connue de tout le monde. Le Curé même fit un fort mauvais ſermon le Dimanche ſuivant, dans lequel il exhortoit les parens de ne pas permettre à leurs enfans de me fréquenter. Cette défenſe rigoureuſe de la part du Curé & des parens m’étonnoit beaucoup. Je ne pouvois concevoir pourquoi tout le monde ſe réuniſſoit pour défendre des jeux dans leſquels, moi & tous mes camarades, nous n’avions trouvé aucun mal juſqu’alors, pour leſquels nous avions tous la même volonté & les mêmes déſirs ; en un mot, qui nous amuſoient tous généralement.

Comme je ne connoiſſois pas encore toutes les entraves que le préjugé mettoit au bonheur de l’homme, je regardois l’action de nos parens comme bien méchante & bien in-