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MÉMOIRES


mon ſein des baiſers enflammés & me promettoit, pour me dédommager de la douleur qu’il m’avoit fait souffrir, d’augmenter encore la doſe des plaiſirs que je goûtois. Bientôt me ſentant inondée d’une liqueur chaude & abondante, toutes les facultés de mon con, furent abſorbées & je perdis toute connoiſſance.

Ce plaiſir que je n’avois jamais reſſenti juſqu’alors, avoit été trop grand, pour que mon illuſion & mon ſommeil continuaſſent. En ouvrant les yeux je m’apperçus avec ſurpriſe que j’étois nue juſqu’à la ceinture, & que mon doigt qui chatouilloit encore les levres de mon con, avoit donné lieu à ce ſonge agréable. C’étoit donc à lui ſeul que j’étois entiérement redevable de ce bonheur inattendu, que je croyois devoir à cet enfant charmant. Soit crainte cependant de me tromper, ſoit pour graver plus profondément dans ma mémoire cette leçon que la nature ſeule m’avoit donnée, mon doigt officieux recom-