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MÉMOIRES


fis un reve ſi agréable & ſi inſtructif, qu’il n’eſt jamais ſorti de ma mémoire. Il me ſembloit que j’étois étendue ſur un riche ſopha, ſemblable à ceux que j’avois vus chez ma marreine : que j’avois les cuiſſes extrêmement écartées, une jambe pendante & l’autre ſoutenue ſur les couſſins : dans cette voluptueuſe attitude, je voyois un enfant, beau comme l’amour, porté dans les airs, & dirigeant ſa courſe vers moi. Il paroiſſoit par ſon air tendre & amoureux, & par ſes regards paſſionnés, m’inviter de prendre part au plaiſir qu’il vouloit me procurer ; plus il approchoit de moi, plus mes yeux avides de l’examiner le conſidéroient attentivement, Grand Dieu ! quelle fut ma ſurpriſe, en le voyant monté ſur un courſier d’une eſpece bien ſinguliere ! Le jeune Écuyer tenoit d’une main une bride, & de l’autre un fouet dont il frappoit ſans pitié ſa monture. Mon étonnement augmenta de beaucoup quand je fus à portée de découvrir quel étoit ce nouveau Pégaſe ; je lui