Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée
46
MÉMOIRES


maginer & de varier les plaiſirs de la petite ſociété. Tantôt j’étois une mere de famille ; tous mes camarades devenoient mes enfans, tous me devoient des égards & du reſpect. Lorſqu’il leur arrivoit d’y manquer, le fouet étoit la punition ordinaire : avoient-ils négligé de faire la tâche que je leur avois impoſée, ils ſubiſſoient le même châtiment. Quelquefois j’établiſſois une école : les filles comme les garçons y étoient admiſes : pour dire la vérité, j’aurois été très-fâchée qu’on n’eût pas ſouffert ceux dont la ſocieté me plaiſoit le plus dès ce temps-là. Les fautes les plus légéres comme les fautes les plus graves, étoient également punies. Je préſidois à cette école. J’impoſois les punitions & fuſtigeois les coupables. Jamais Collége de l’Univerſité de Paris n’eut une regle auſſi ſévere que celle que je faiſois obſerver dans ma petite académie. Jamais auſſi les écoliers n’eurent autant de plaiſirs à l’enfreindre. Quelle joie je reſſentois moi-même, quand tous ſem-