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DE SUZON.


tempéramment auroit laſſé une compagnie de Grenadiers les plus aguerris. Mais non, ſes deſirs étoient trop brûlans ; ſon con, qui donnoit le branle à toutes ſes autres facultés, la maîtriſoit trop, pour qu’elle ſe contînt dans les bornes de la modération.

J’aurois bien deſiré qu’on eût continué de me permettre d’aller jouer avec les enfans de mon village, Toinette elle-même ne s’y oppoſoit pas ; la méfiance dans laquelle elle étoit à mon égard, étoit une raiſon pour y conſentir ; mais les parens des autres enfans ne penſoient pas malheureuſement de même : tous avoient défendu, ſous les peines les plus rigoureuſes, que je fuſſe aſſociée à aucune partie de jeu. Je pleurois, je gémiſſois du mépris que mes camarades avoient pour moi, depuis qu’on nous avoit ſurpris dans une grange occupés à des jeux qui m’amuſoient autant qu’ils déplurent à tous ceux qui avoient des enfans dans notre bande.

Comme la plus grande, j’étois chargée d’i-