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DE SUZON.


leure conduite ? Vous êtes bien injuſte ! Croyez-vous donc que vous êtes le premier homme qui auroit baiſé ſa femme en dormant ? Êtes-vous donc venu juſqu’à votre âge, ſans ſavoir qu’il eſt arrivé à quelques perſonnes qui couchoient habituellement avec des femmes, de chercher machinalement à ſoulager les beſoins de la nature, pendant des nuits qu’elles étoient couchées avec quelqu’un de leur ſexe ?

Comme cela n’étoit jamais arrivé à Ambroiſe, dont les nuits n’étoient point aſſez longues pour le repoſer des fatigues du jour, il le regardoit comme impoſſible. Le Pere Supérieur avoit donc beau ſe ſervir de tous les lieux communs que lui fourniſſoit ſon imagination fertile : il lui repréſentoit en vain qu’il occaſionneroit beaucoup de ſcandale dans ſon village, s’il perſistoit dans ſon refus ; qu’en déshonorant ma mere, il ſe déshonoroit lui-même, & qu’il étoit à craindre que par ſa conduite il ne fût cauſe de ſa mort. Plût à Dieu, s’écria Ambroiſe, que je fuſſe débarraſſé de cette

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