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LA CHIMÈRE


l’hôte de la maiſon, lequel étoit ſurement connu d’une partie des convives : on le preſſe de s’armer d’un verre, il ne s’y refuſe pas. Il fait plus, il s’aſſied. Alors l’office des dents ceſſe un peu pour faire place à celui de la langue.

Le repas commençoit à s’égayer lorsqu’il paroît une figure auſſi jolie que modeſte en apparence : ſans un œil frippon, je l’aurois priſe pour une None nouvellement échapée du Couvent. Elle ſalue la compagnie en ſouriant, s’approche du maître de la maiſon, qu’elle appelle ſon oncle, & l’embraſſe : mais l’embraſſe d’une maniere dont je n’ai jamais vu nieces embraſſer leurs oncles.

Vous croyez peut-être qu’elle le baiſa amoureuſement ſur les yeux ou à la bouche ? Que vous êtes loin de deviner ! Il eſt vrai, ce que vous croyez fut ſon début ; mais bientôt relevant ſon juppon, elle grimpe ſur ſon oncle prétendu, paſſe