Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée
161
DE SUZON.


ſcandale eût été occaſionné dans ſon ſpectacle, il envoya chercher un ſergent Major du Guet ; mais nous n’attendîmes point ſon arrivée. Quant à moi, je me ſauvai par deſſous le théâtre, & gagnai promptement la porte qui donne ſur la rue qui eſt derriere le rempart. Je ne ſais ſi l’Arlequin & le Pierrot furent arrêtés, ſi la piéce put être continuée, & je ne m’en ſuis même jamais inquiétée.

Après m’être cachée pendant quelque temps dans un cabinet que j’avois loué ſous un faux nom, dans le faux-bourg Saint Germain, l’argent commençant à me manquer, je fus obligée de me retirer dans un bordel : digne réfuge de celles qui ont mené une conduite ſemblable à la mienne.

Pour comble d’infortune, j’étois en proie aux douleurs d’une maladie cruelle, qui ne me laiſſoit point un inſtant de repos. Mon état étoit d’autant plus triſte, qu’il en eſt d’un bordel comme d’un Couvent. Un Moine qui n’a point aſſez de talent ou aſſez de