Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée
158
MÉMOIRES

Les Eſpagnols ne reſterent que ſept à huit mois à Paris. Je les vis partir avec chagrin. Il auroit cependant mieux vallu que je ne les euſſe jamais connus car ils me laiſſerent, pour me rappeller leur ſouvenir, une maladie encore plus commune dans leur pays que dans la France. Je veux parler de celle qu’apporta Criſtophe Colomb de ſes voyages, & que l’Europe doit à la découverte du nouveau monde.

J’aurois été bien heureuſe ſi j’avois pu, en communiquant la vérole que j’avois reçue, la laiſſer dans cette troupe, quand je fus obligé de la quitter, quelque temps après le départ des Eſpagnols ; & voici ce qui a donné lieu à ma ſortie.

Je faiſois chambrée depuis quelque temps avec l’Arlequin & le Pierrot du même ſpectacle. Tous deux étoient très foux & me divertiſſoient infiniment. Ils ſembloient ſe diſputer tous deux à qui imagineroit l’extravagance la plus complette ; un jour qu’ils avoient