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MÉMOIRES


moi. Ils avoient avec eux une autre femme qui n’entendoit pas un mot de François, & à qui j’ai eu l’obligation de donner de l’ame, de l’expreſſion & de l’énergie à mes geſtes. Comme nous n’avions que ce moyen pour nous entendre, il falloit que chaque geſte ſignifiât bien ce que nous voulions dire, pour pouvoir être compris.

Ceux qui auront lu ces Mémoires, conviendront, je crois, que mes différens amans, qui avoient tous plus de lubricité les uns que les autres, m’avoient enſeigné bien des ſortes de poſtures. J’imaginois même qu’après un cours de leçons auſſi variées, il n’étoit plus poſſible de me rien montrer : eh bien ! je me trompois. Avec mes Eſpagnols nous foutions d’une maniere tout-à-fait conforme à leur état, ou pour mieux dire, toujours en ſautant. Quand nous voulions faire nos exercices, nous nous mettions tous nuds comme la main. La ſociété préféroit toujours celui que je vais citer.