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DE SUZON.


nue ſaiſir mes meubles, & qu’il étoit bien fâché de n’avoir pas été prévenu ; qu’il y auroit fait oppoſition pour ce que je lui devois. À cette nouvelle je ne pus retenir mes larmes, ni m’empêcher de m’écrier, que je ſuis malheureuſe ! Mon hôte ne ceſſoit de répéter de ſon côté : qui me payera les loyers de votre apartement à préſent ? Raſſurez-vous, Monſieur, dit l’officier, ce ſera moi ; pour vous, Madame, conſolez-vous, comptez que je vous retirerai de l’embarras où vous êtes. Nous montâmes dans ma chambre, dont la vue m’arracha de nouvelles larmes.

Après lui avoir conté toutes mes affaires ou plutôt lui avoir fait une hiſtoire plus propre à toucher ſa ſenſibilité, que conforme à la vérité, il fut décidé que mon hôte ſeroit payé ſur le champ de ſes loyers, que je quitterois mon appartement dès ce ſoir là même, & que j’irois demeurer avec cet Officier.

Après toutes ces conventions, l’hôte fut appellé & payé. Cet homme étoit ſi content