Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée
139
DE SUZON.


tes les promenades ; jamais je ne manquois les jours d’Opéra, eſpérant de rencontrer quelque bonne fortune.

Il y avoit cinq mois que je menois ce genre de vie, & je ne voyois perſonne ſe préſenter ; pour comble de malheur mon argent étoit dépenſé, les billets que j’avois faits n’ayant pas été payés à leur échéance, le tapiſſier avoit obtenu une ſentence contre moi. Mon hôte me menaçoit de me donner congé ; enfin le marchand de vin & le traiteur ne vouloient plus me faire crédit. Je voyois avec la douleur la plus amere, que j’allois retomber dans l’état où j’étois quand je ſortis de l’Hôtel-Dieu, lorſque par le plus grand hazard je fus tirée bien à propos de cet embarras.

Un jour que j’étois aux Thuilleries & que je marchois à grands pas, comme une perſonne qui a la tête fort occupée, je fus rencontrée par un jeune Officier, qui s’apperçut à ma démarche que je devois éprouver de