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MÉMOIRES


ſavant que ſon maître, en ſavoit aſſez pour moi. Les complaiſances qu’il avoit pendant les leçons, ſon air doux & honnête me plaiſoit beaucoup. J’aurois bien déſiré qu’il me fît quelques-avances ; mais ce-jeune homme étoit toujours très froid. Ennuyée à la fin de le voir toujours demeurer dans les bornes du reſpect à mon égard, je lui fis quelques agaceries qu’il comprit mieux que je ne devois m’y attendre, & l’affaire ſe termina ; quoique ce fût avec moi qu’il chantât ſa premiere meſſe, il ne me parut pas novice, & je jugeai dès ce moment qu’il mériteroit un jour l’applaudiſſement de toutes les femmes qui ſauroient apprécier ſon mérite. Cette nouvelle intrigue ne put demeurer long-temps cachée à mon maître de Muſique, qui médita dès-lors une veangeance conforme à ſon caractere.

Tous les Dimanches, je me rendois au Couvent des Cordeliers pour entendre jouer mon maître de Muſique. Je me plaçois ordi-