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MÉMOIRES


auſſi cruelle pour mon amant que pour moi. Il me dit en entrant dans ma chambre, que les gens qui prétendent que le temps s’écoule rapidement devroient, pour en connoître bien la durée, avoit toujours quelque rendez-vous amoureux ; & qu’il répondoit qu’ils tiendroient un langage bien différent.

Après les embraſſements ordinaires en pareille viſite, comme nous n’avions pas plus de temps qu’il nous en falloit pour ce que nous nous propoſions de faire, & que notre intention étoit de le bien employer, nous nous mîmes au lit… Mon amant courut dans deux ou trois heures huit grandes poſtes, quatre ſans lâcher bride, & les quatre autres après des repos très courts. On juge aiſément que je n’ai pas trouvé dans ma vie beaucoup d’athletes auſſi vigoureux dans les combats. Je ſuis même perſuadée que s’il n’avoit pas été obligé de ſe retirer de très grand matin, & qu’il eût pu ſe rendre de meilleur heure chez moi, il auroit com-