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MÉMOIRES


remarqué en allant entendre la meſſe au Couvent, que l’Organiſte ne paſſoit jamais devant moi, qu’il ne me regardât avec des yeux qui me peignoient la paſſion qu’il avoit pour moi. C’étoit un luron de bonne mine, qui me paroiſſoit très-propre à contenter une femme qui avoit autant de penchant à la fouterie que moi. La difficulté étoit de trouver un prétexte honnête pour l’attirer chez moi : mais une femme amoureuſe manque-t-elle de moyens pour ſatisfaire ſa paſſion ? Voici, cher lecteur, celui que je pris. Je vous laiſſe à décider s’il étoit adroit.

Un jour que je donnois à dîner à Madame Marcelle & au Révérend Pere Hercule, je fis tomber la converſation ſur la vie que l’on menoit à la campagne. Je finis par dire qu’il falloit y avoir une occupation quelconque pour ne point s’y ennuyer, ſur-tout dans l’hyver, où toute promenade étoit interdite : que quant à moi, je ne pouvois m’imaginer comment une femme pouvoir paſſer toute