Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée
117
DE SUZON.


ques-unes qu’il jugeoit néceſſaires pour rétablir ſon tempérament. Le lendemain il me quittoit de très-grand matin & retournoit dans ſon Couvent, ſans que perſonne s’apperçût de la nuit délicieuſe qu’il avoit paſſée. Dieu ſait combien nous nous en donnions !

Je variois tellement les plaiſirs de mon Moine, je le provoquois de tant de façons, de répondre à la force de mon tempérament ; qu’à la fin je le réduiſis à un état d’impuiſſance. Auſſi laſſée de trouver toujours dans ſes jambes un vit plus flaſque & plus mou qu’un linge mouillé, que rebutée de le patiner inutilement, & ſans pouvoir lui faire reprendre ſon ancienne vigueur, je formai la réſolution de lui nommer un aide de camp. Je fus donc moi-même la cauſe de tous les malheurs que j’ai eſſuyés dans la ſuite, & j’ai payé bien cher le reſte de ma vie, & mon ingratitude & l’imprudence de mon nouvel amant.

Mon choix ne fut pas long à faire. J’avois