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MÉMOIRES


Malgré que je fuſſe toute nue, je me défendois aſſez bien pour donner le temps à ma mere de venir & de me débarraſſer des mains de ce vilain paillard que j’avois toujours déteſté.

J’eſpérai d’être une autre fois plus heureuſe & de prendre ſi bien mes précautions, que nous ne ſerions point ſurpris.

L’occaſion s’en préſenta bien-tôt. Madame d’Inville ayant fait ſavoir ſon retour à ma mere, elle nous envoya mon frere & moi, lui faire compliment ſur le rétabliſſement de ſa ſanté. Mais j’eus aſſez de malheur pour que ma marreine devint elle-même amoureuſe de mon frere. Si j’avois bien fait, j’aurois conſenti aux propoſitions qu’il me fit en revenant du château. J’eus la ſottiſe de vouloir différer juſqu’au lendemain, que nous devions y retourner ; & pour n’avoir pas ſaiſi l’heure du berger, je n’ai jamais pu depuis, terminer avec lui l’ouvrage que nous avions commencé, ainſi qu’on va le voir.

Le lendemain nous nous rendîmes de très