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voyé M. de Jully chez un de ses amis, loin de Paris, afin de lui faire oublier, s’il étoit possible, mademoiselle Chambon, pour laquelle il sembloit prendre un goût trop vif, M. de Bellegarde redoutoit les suites de cette passion naissante. Mademoiselle Chambon sortoit d’une famille obscure. Ses alentours étoient, selon lui, un obstacle invincible pour l’unir à M. de Jully, à qui il vouloit faire contracter un mariage de protection. Elle étoit fort riche à la vérité ; mais la manière dont feu son père avoit acquis sa fortune ne passoit pas pour très-légitime[1].

Madame d’Épinay alla prendre congé de ses amies.

    que ses défenses étaient inutiles, elle confisqua le papier. Désirant que mademoiselle de La Live devînt une femme de ménage, elle lui prescrivit de recevoir et vérifier les comptes des dépenses de la maison. Un jour, apercevant des interlignes dans le compte du cocher, la jeune personne les remplit par des vers ; sa tante arrive, la surprend, la gronde et va chercher M. de Bellegarde. Celui-ci commence à gronder un peu, se saisit du papier, lit les vers, les trouve jolis, et, voyant une correction à faire, prend la plume. Sa fille lui saute au cou et l’embrasse, bien sûre qu’une faute ainsi corrigée n’était pas inexcusable. » (Note de Musset-Pathay, — Hist. de la Vie et des ouvrages de J.J. Rousseau.)

  1. Louise-Élisalieth Chamhon, fille d’un fermier général qui, en effet, n’est pas aussi bien traité que M. de Bellegarde dans les notices que nous avons citées déjà. Son article est ainsi conçu :

    « Chambon, originaire du Languedoc, d’une très-basse extraction : on croit même qu’il avait été laquais. Ce qu’il y a de vrai, c’est que, de petit commis buraliste d’un receveur particulier de domaine et contrôle (enregistrement) des actes de sa province, il devint commis de la direction générale de ces mêmes droits à Montpellier, et donna tant de preuves de sa capacité dans cette partie, qu’il fut appelé à Paris, et qu’en 1719 il fut fait chef d’un des bureaux de la régie des droits du bail de Pillavoine, ensuite de la régie de Charles Cordier en 1721. Il fut fait sous-fermier en 1726, étant intéressé dans plusieurs sous-fermes par son mariage avec la fille aînée du sieur Bellon, directeur des petites gabelles. Il fut nommé, à la place de Desvieux, fermier général.


    « Cette famille n’existe plus dans les soixante. »


    En 1737, le fermier général Chambon demeurait rue Saint-Honorê, près l’hôtel de Noailles.