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qui sont achetés. Tout est arrange pour cela ; il n’y faut rien changer.

J’écris à mon sellier pour lui donner l’ordre d’achever mon carrosse et de mettre la dernière main à la calèche, afin qu’elle soit finie même avant mon retour, et telle que je l’ai ordonnée. Je ne sais comment vous l’entendez, ma chère amie, il seroit bien singulier que mon père prétendît compter sur mon revenu les cent pistoles qu’il me donne par mois pendant mon absence, et qui ne doivent passer que pour gratification. Il faut absolument le faire expliquer là-dessus ; je vous prie même de le prévenir sur ce que je dois lui en dire, en lui faisant sentir que, vu les dépenses inévitables auxquelles j’ai été obligé à mon mariage, il m’est impossible de me tirer d’affaire sans cette gratification, qui est peu de chose pour lui, et qui m’est absolument nécessaire.

Il faudra bien, ma chère amie, que tu tâches de payer, sur ta bourse, un à-compte au tailleur de mes gens, ainsi qu’au nommé Thierry[1]. Avec cela ils doivent être contents et attendre mon retour pour le reste. Il est vrai que je les avois oubliés sur la liste que j’avois faite de mes dettes avant mon départ ; je ne sais comment cela est arrivé ; tu voudras bien réparer cette négligence ; je m’acquitterai avec toi dès que je le pourrai.

Il me paroît que tu traites bien sévèrement ce pauvre chevalier de Canaples. On ne lui rend pas justice. Il a un mérite qui porte envie, et, dans les torts qu’on lui

  1. Les délais mêmes que l’on rencontre çà et là dans les lettres qui sont insérées dans ces Mémoires prouvent leur authenticité. Madame d’Épinay a évidemmnt inventé le moins qu’elle a pu, et cette lettre, par exemple, est évidemment vraie.