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mon mari, si vous y êtes. Un mot de réponse. Bonjour, je finis bien vite, quoique j’aie encore mille choses à vous dire ; mais l’on va dîner, et ma toilette n’est encore qu’à moitié faite.


LETTRE DE LA MÊME À LA MÊME.

Ah ! ma cousine, j’ai passé hier une journée délicieuse ; nous devions aller, mon mari et moi, chez madame de Ternan[1]. Ma mère se trouva fort incommodée, le matin, d’un mal de gorge : cela m’inquiéta, et après avoir un peu combattu mon envie de sortir et mon devoir, j’engageai mon mari à m’excuser auprès de madame de Ternan, et je lui dis que je voulois absolument rester auprès de ma mère : j’avois bien envie de lui conseiller d’y rester aussi, par plus d’une raison, comme vous vous en doutez bien ; mais je désirois encore plus que cela vînt de lui : j’eus beau attendre. J’avois la bouche ouverte pour lui représenter qu’il devoit au moins proposer à ma mère de lui tenir compagnie ; car il y avoit, ce me semble, plus de dix grandes minutes que nous parlions d’autre chose, lorsque enfin il m’offrit de rester avec moi. Je n’aurois peut-être pas dû l’accepter tout de suite ; cependant je le fis, en le remerciant beaucoup de cette complaisance. Nous restâmes jusqu’à trois heures dans l’appartement de ma mère, qui ne fut pas aussi sensible à cette attention de M. d’Épinay qu’elle l’auroit dû ; car enfin je sais bien qu’il ne faisoit que ce qu’il devoit, mais combien

  1. On peut substituer à ce nom celui qu’on voudra, choisi parmi les parents ou amis de la famille que nous trouverons inscrits, chemin faisant, sur les actes de baptêmes ou de mariages. Presque tout ce monde est financier : de la ferme ou de la recette générale.