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Pour moi je rendis mes comptes[1], et le lendemain je reçus de madame d’Épinay la lettre que voici[2].

« Que pensez-vous de moi, de ma fuite d’hier au soir,

    ses conseils, président du parlement, demeurant au bailliage du Palais ; haut et puissant seigneur Jean−Nicolas de Johanne de la Case de Saumery, chevalier, marquis de Johanne, porteur de la susdite procuration ; messire Étienne du Mesnil, chevalier, marquis de Saumery, sous-lieutenant des gardes françaises, parents de ladite épouse ; tous lesquels et plusieurs autres, après lecture faite, ont signé :


    « Tardieu d’Esclavelles, La Live d’Épinay, La Live de Bellegarde, Prouveur d’Esclavelles, La Live de Jully, La Live de Pailly, La Live de Sucy, Saumery de Johanne, Saumery, de Maupeou, La Live de la Briche, de Roncherolles de Meaupeou, Lestendart de Roncherolles, Duhuisson de La Live. »


    C’est cet acte qui a permis de faire disparaître une partie du mystère des noms du roman de madame d’Épinay, et de lui donner un intérêt historique de plus. On ne voit pas pourquoi le second frère de M. d’Épinay n’y est pas désigné dans le corps du texte comme l’est La Live de Jully. Celui-ci, né en 1725, n’avait que vingt ans. C’était bien jeune pour être substitut de M. Joly de Fleury, mais alors on n’y prenait garde. Du reste, l’Almanach royal ne cite pas son nom parmi les attachés du parquet.


    La Live de Pailly, cousin de M. d’Épinay, devint brigadier le 10 mai 1748, et vendit, au mois d’octobre 1749, sa charge de maréchal général des logis. (Pinard, Chronologie mililaire, t. VIII, p. 486.)


    Madame de Maupeou a signé sur l’acte : Roncherolles de Meaupeou, comme si elle ne savait pas exactement l’orthographe du nom de son mari.


    Quelques pages plus loin, sur les mêmes registres, on trouve, à la date du 21 janvier 1746, l’acte de mariage d’une fille de Louis, d’une petite-fille de Jean Racine, avec un Louis-Grégoire Mirleau de Neuville. Voilà encore une branche de la postérité de l’auteur d’Athalie.

  1. En se mariant, madame d’Épinay reçut, ou du bien de son père ou de celui de sa mère, trente mille livres d’argent, douze mille livres de trousseau et dix-huit mille de meubles et linge. Son oncle lui assura une terre qu’il avait. Elle se maria en communauté de biens, avec promesse d’un douaire de trois mille livres de rente. M. de Bellegarde laissa la noce à payer à ses enfants ; il dontia trois cent mille livres à son fils, douze mille livres de diamants à son fils et deux mille livres pour sa bourse. Voilà du moins ce qu’on peut voir dans le manuscrit de madame d’Épinay.
  2. Ici commence le texte véritable des Mémoires. On s’était marié à minuit, sans appareil, avec vingt-deux personnes en tout ; et, le lendemain matin, on s’était déjà disputé pour ne pas mettre ou mettre du rouge.