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PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I

ami de la famille, je fus chargé de la tutelle de la jeune Émilie[1].

Une tante de M. d’Esclavelles, madame de Roncherolles, réduite par des malheurs à vivre dans un couvent, à Paris, prit avec elle ma pupille, dont la mère[2] alla dans le pays de son mari, pour y ramasser les débris d’un patrimoine dépensé, en très-grande partie, au service.

La retraite de madame de Roncherolles[3] étoit partagée

    siècle. Probablement c’était son père, ou son grand-père. Pinard (t. VI, p. 394) ne lui a consacré que cette courte notice :


    « 9 juin 1633. — D’Esclavelles (N, baron) a été créé maréchal de camp par brevet du 9 juin 1653, où on ne lui donne point de qualité. »


    On voit dans le Journal de Barbier (t. I, p. 241) qu’au mois de septembre 1722, lorsque, pour amuser Louis XV, on fit un camp près de Versailles, M. d’Esclavelles, alors lieutenant-colonel du régiment du Roi et brigadier d’infanterie, reçut le cordon rouge de la main même du souverain, honneur qui prouve le mérite de ses services.

  1. Nous avons vu, dans l’Introduction, que le véritable tuteur de madame d’Épinay était son oncle, André Prouveur, prévôt de la collégiale de Condé, et qu’elle-même s’appelait Louise-Florence-Pétronille.
  2. Florence-Angélique Prouveur, fille de George-André Prouveur, seigneur de Pont.
  3. Thérèse-Suzanne de Lestendart de Bully, marquise de Roncherolles, arrière-petite-fille de Catherine de Créquy, qui, par Anne de Bourbon, sa mère, descendait de saint Louis. Du côté paternel, elle était issue des comtes de Flandre, Jean, cinquième du nom, sire de Créquy, ayant pour aïeule maternelle Marie d’Auvergne, petite-fille de Marie de Flandre.

    Mademoiselle de Lestendart était fille de Jean-Louis de Lestendart, chevalier, marquis de Bully, seigneur de Martincamp, Saint-Martin-l’Hortier, Rohare, Cloville, gouverneur de Neufchâtel, et de Chrétienne-Charlotte Tardieu de Maleyssie. Son frère, Jean-Louis, mort sans postérité le 7 mars 1740, lui laissa le titre du marquisat de Bully, érigé par lettres d’octobre 1677, sur une terre de l’élection de Neufchâtel, en faveur de Jean de Lestendart. Elle avait épousé (par contrat du 21 février 1699) Charles, marquis de Roncherolles, dont la race remontait jusqu’au temps de Charlemagne, seigneur de Jouy, maréchal des camps et armées du roi, puis lieutenant général et gouverneur de Landrecies, après avoir été colonel d’un régiment de cavalerie et d’un d’infanterie et de deux cents dragons qu’avait eus son père.


    De ce mariage était né, en 1702, Thérèse Sibile, marquis de Ronche-