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VIII


Lorsque nous étions, Julie et moi, chez Mme Vollier, toujours vêtues de même, grandes toutes deux et toutes deux brunes, on nous prenait pour les deux sœurs ; on nous appelait les demoiselles Vollier. En 71, quand on prit sur moi des informations minutieuses, je dus indiquer cette particularité.

Deux de mes cousines étaient alors sous-maîtresses : l’une à Puteaux, l’autre à La Chapelle. Nous avions à peu près les mêmes recettes, c’est-à-dire ce que l’instruction rapportait à cette époque. Nous n’en étions pas plus tristes ; il était reconnu que cela devait être ainsi sous le règne de Sa Majesté Napoléon III comme sous celui de ses devanciers. Nul état où l’on eût moins d’argent ; nul état où l’on sût aussi bien s’en passer — on était un peu bohème !

Mme Vollier, malgré son âge, autant que toutes les femmes qui vivent de leur travail, savait rire