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n’ai ni à blâmer ni à approuver ; ni à endosser ni à décliner la responsabilité de ce qu’il contient. Les lecteurs jugeront, selon leurs tendances, selon leurs goûts, selon leurs idées, selon leurs hostilités ou leurs sympathies. C’est leur tâche et non la mienne.

Mais il est un point sur lequel on tombera d’accord, à quelque parti qu’on appartienne, et sur lequel il n’y a jamais, dans la presse, qu’une seule voix, dès qu’il s’agit de Louise Michel.

On aime, en France, et on admire la simplicité et la crânerie, même chez ceux dont on répudie les faits et gestes. On estime l’unité de vie et la bonne foi, même dans l’erreur.

Mlle  Louise Michel, on lui a constamment rendu cette justice, n’a jamais varié, ni jamais reculé devant les conséquences de ses tentatives. Elle n’est pas de ceux qui fuient, et l’on se rappelle qu’après l’échauffourée de l’esplanade des Invalides, elle a résisté à toutes les instances de la famille amie chez laquelle elle était réfugiée, et a tenu à se constituer prisonnière… Ce n’est ni une lâcheuse ni une franc-fileuse…

Et quelle crânerie simple, digne, dépourvue de pose et de forfanterie, en présence de ses juges ! Avec quel calme elle a l’habitude d’accepter la situation qu’elle s’est librement faite, à tort ou à raison ; de ne s’abriter jamais derrière des faux-fuyants, des excuses ou des échappatoires !