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Debout sous la nuit effrayante,
Comme il était beau pour la mort !
Qui donc te fit, ô mort sanglante,
Mort des martyrs, le plus beau sort ?

La druidesse frémissante
Se frappe de la serpe d’or,
Et près de lui tombe expirante,
Au cœur s’étant frappé encor.

En talisman sur les poitrines,
Dans la Gaule des anciens jours,
Avec le genêt des ravines
Leur cendre se portait toujours.

C’était le temps où tout esclave
Se levait contre les Césars,
Le temps où la Gaule était brave
Et rassemblait ses fils épars.

O nos pères, fiers et sauvages,
Bien lourd est votre sommeil !
Pères, n’est-il plus de présages ?
N’avons-nous plus de sang vermeil !

Vous qui vous armez, pourquoi vivre ?
L’amour est plus fort que la mort.
Ne faut-il pas qu’on se délivre ?
Heureux ceux que marque le sort !

L’hymen centuple les entraves.
À ce Tibère aux yeux sanglants
Il donne de nouveaux esclaves,
Ne soyons pas des combattants.