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il nous semblait que les vacances dussent toujours durer… Elles furent bientôt finies !

En quittant ces deux pauvres femmes je n’osais pas tourner la tête, le cœur me crevait ; mais c’était le moment où s’accentuait la lutte contre l’Empire et, si petite qu’elle fût, chacun, gardait sa place.

Il nous semblait que la République dût guérir tous les maux de l’humanité ; il est vrai que nous la rêvions sociale et égalitaire.

Je ne revis jamais ma grand’mère Marguerite.

Victorine me parlait encore de cet automne-là pendant la maladie dont elle mourut jeune, au retour de l’exil.

Nous allions ensemble dans les bois, je lui avais montré le chêne aux serments, le vieux château encore debout ; elle allait avec ma mère dans la vigne alors pleine de jeunes arbres de toutes sortes qu’elle y avait plantés.

Un soir que nous suivions la forêt de Thol à Clefmont, allant chez l’oncle Marchal, le vieux forestier qui mariait sa fille, le trot régulier et les yeux lumineux d’un loup nous suivirent pendant toute la route.

Cela nous fit une mise en scène pour la Légende du chêne.