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À partir de cette époque, jusqu’à la mort de Mme Vollier, quatre ans avant le siège, dans mon école de Montmartre, nous ne nous sommes plus quittées.

Son portrait est avec les chers souvenirs que la perquisition de la police a retrouvés, car ma mère me les conservait soigneusement : portraits à demi effacés, livres rongés des vers, fleurs fanées, œillets rouges et lilas blancs, branches d’if et de sapin ; il y aurait maintenant, en plus, les roses blanches aux gouttes de sang que je lui ai envoyées de Clermont.

C’est parmi ces débris cachés dans les vieux meubles, souvenirs aussi, qu’elle m’attendait, la pauvre femme, mais, sur les six ans de ma condamnation, elle n’en put attendre que deux.

Aujourd’hui, la chambre de Montmartre est habitée par des inconnus ; mais, comme dans la maison près du cimetière de Vroncourt, j’aime à la revoir un instant. La dernière fois que j’ai vu Vroncourt, c’était aux vacances de 1865 : j’avais avec moi Mme Eudes (alors Victorine Louvet), toute jeune ; elle avait alors seize ou dix sept ans, et travaillait pour ses examens.

La joie de ma mère et de ma grand’mère en me revoyant fut aussi grande que la mienne,