Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII


À ces matins de la vie, la destinée, les ailes pliées comme une chrysalide, attend l’heure de les livrer au vent qui les déchire ; telles furent mes années de la Haute-Marne.

Certaines destinées se suivent d’abord et prennent ensuite des routes opposées. J’ai connu, à ma pension de Chaumont, mon amie Julie L… Avec elle, je fus institutrice dans la Haute-Marne et, avec elle encore, sous-maîtresse à Paris, chez Mme Vollier ; puis vinrent les événements, elle y demeura étrangère.

Mais jadis, aux vacances, dans nos grands bois, nous nous étions juré (sous le chêne au serment) une amitié éternelle ; et ni l’une ni l’autre n’y avons manqué.

Même à Paris, Julie s’occupa surtout d’étude et la haine que j’éprouvais pour l’Empire la laissa longtemps froide ; la musique et la poésie l’entraînaient davantage. Nous avons longtemps, à