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été appelée à la préfecture, et que ma recommandation n’était pas capable de le faire bien venir, au contraire, le bonhomme n’en démordait pas.

Pisque c’est mé que je le demande ka ke cé vo fait ! beyez toujo.

Je finis par écrire à peu près en ces termes :


« Monsieur le préfet,

« La personne à qui vous avez bien voulu promettre le voyage de Cayenne est tourmentée par le père X… de lui donner une lettre de recommandation pour vous.

« Je n’ai jamais pu lui faire comprendre que c’est le moyen de le faire mettre à la porte ; il est entêté comme un âne.

« Puisse-t-il ne pas apprendre, à ses dépens, que j’avais raison de refuser !

« Veuillez, monsieur le préfet, ne pas oublier, pour moi, le voyage en question. »


Voyant revenir le bonhomme, après son expédition de Chaumont, j’avoue que je riais déjà des ennuis qu’il allait me raconter, quand, à ma grande surprise, il me dit : Eh ben ! je le sevot ben ; vévé de lé chance ; j’ai mon effére.

C’était lui, plutôt, qui avait de la chance !