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que j’étais républicaine et que, quant aux pensionnaires placées chez les parents de mes élèves d’Audeloncourt, cela se passait ainsi parce que telle était l’idée de ces familles-là, et je riais comme au temps de mon enfance ; mais en parlant de l’étude, ma passion qui m’appelait à Paris ; de la république, mes amours, je laissais mon cœur s’ouvrir.

Le recteur me regardait longtemps en silence avant de me répondre, et sa femme, qui prenait toujours mon parti, souriait tandis que des colombes en liberté volaient dans la chambre pleine de soleil. Cela sentait le printemps, chez eux, dans toute saison et le matin à toute heure.

À ma classe d’Audeloncourt on chantait la Marseillaise avant l’étude du matin et après l’étude du soir.

La strophe des enfants :


Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus


était dite à genoux ; une des plus jeunes la chantait seule (c’était une petite brune qui s’appelait Rose et que nous appelions Taupette à cause du noir lustré de ses cheveux).

En reprenant le chœur nous avions souvent,