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ennuis, elle ne se préoccupe que des chagrins ou des besoins des autres.

C’est pour les autres — parents, amis ou étrangers — qu’elle vit et qu’elle travaille. Et le parloir de Saint-Lazare, où elle recevait de nombreuses visites quotidiennes, était devenu une sorte de bureau de charité en même temps qu’un bureau de placement, car la prisonnière, du fond de sa cellule, s’ingéniait pour trouver des emplois à ceux qui étaient sans ouvrage et pour donner du pain à ceux qui avaient faim… Elle multipliait les correspondances, n’hésitait pas à importuner ses amis — qui ne s’en plaignaient jamais — à plaider pour ses protégés.

L’anecdote suivante donnera la mesure de sa bonté :

Il y a trois ans, elle allait faire une série de conférences à Lyon et dans les autres villes de la région du Rhône. Partie avec une robe toute neuve, elle revint, quinze jours plus tard, au grand scandale de sa pauvre mère, avec un simple jupon ; la robe de cachemire noir avait disparu ! N’ayant plus d’argent elle l’avait donnée à Saint-Étienne à une malheureuse femme qui n’en avait pas, renouvelant ainsi la légende de saint Martin…

Encore l’évêque de Tours ne donnait-il que la moitié de son manteau ; Louise Michel offrait sa robe tout entière !

J’ai parlé de sa mère. Ah ! voilà encore un des