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entendent les amies qui les hèlent pour les rassurer.

La neige s’étend toute blanche, il fait froid, et le givre — comme les fleurs en mai — couvre les branches.

Peut-être cette bibliothèque contribua à jeter dans ma famille maternelle, où l’on n’était pas assez riche pour avoir de l’instruction, la coutume d’étudier seul.

Les frères de ma mère y puisèrent : l’oncle Georges, une étonnante érudition historique ; l’oncle Michel, la passion des mécaniques dont j’abusais étant enfant, l’ayant fait descendre à la confection d’un petit chariot et de mille autres objets, et que je mis, pendant la guerre de 70, à contribution encore pour un moyen de défense qu’on refusa et qui était bon. J’aimais beaucoup mes oncles que j’appelais effrontément Georges et Fanfan jusqu’au jour où ma grand’mère me dit que c’était très mal de traiter ses parents avec aussi peu de respect. Mon troisième oncle, qui revenait du service militaire, y avait pris ou gardé de vieux livres le goût des voyages ; une juste appréciation de bien des choses, et surtout de la discipline, lui fournissait des réflexions, qu’il était loin de me croire capable de comprendre. Au fond de toute discipline germe l’anarchie.