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n’ai jamais demandé grâce. Vous pouvez dire tout ce que vous voudrez, vous pouvez nous condamner, mais je ne veux pas que vous nous déshonoriez.


Audience du 22 juin.
SUITE DES TÉMOINS À CHARGE

Demoiselle Moricet : Le 9 mars dernier, j’étais dans la boutique avec ma sœur et ma mère, quand j’ai vu arriver devant la maison une bande conduite par une femme armée d’un drapeau noir. Cette femme s’est arrêtée devant la boutique, a frappé la terre de son drapeau et s’est mise à rire ! Aussitôt la bande s’est jetée dans la boutique, a pris tout le pain et les gâteaux qui étaient là, puis on a cassé les assiettes et les vitres ; j’ai été vite chercher mon père.

D. Vous êtes bien sûre d’avoir vu Louise Michel s’arrêter devant la boutique et rire en frappant la terre de son drapeau ? — R. Oui, monsieur.

Louise Michel : Je suis honteuse de répondre à des choses comme celles-là ! Quand la petite Moricet amènerait sa sœur, sa cousine, son petit frère, et qui elle voudra, je ne m’arrêterai pas à répondre à des choses aussi peu sérieuses. J’attends le réquisitoire pour y répondre.

Demoiselle Moricet, sœur de la précédente : J’étais dans la boutique avec ma mère, j’ai vu, tout d’un coup, toute une bande avec une femme à sa tête ; c’était madame. Elle s’est mise à rire en regardant la boutique et j’ai même dit à ma mère : Tiens, elle te connaît donc ! À ce moment tout le monde s’est jeté sur la boutique et l’a mise au pillage.

Louise Michel : Je répéterai ce que j’ai dit tout à l’heure : il est honteux de voir des enfants réciter ici les leçons que leurs parents leur ont apprises.

Chaussadat, peintre, quai du Louvre, entendu sur la demande de la défense :

Le 9 mars, j’étais au coin de la rue de Seine, en face la bou-