Je n’ai que ma mère au monde. Si je pouvais élever la voix, mes plus cruels ennemis demanderaient pour moi, vu les circonstances présentes, un transfèrement immédiat à Paris, puisque d’un instant à l’autre elle peut doublement m’être enlevée.
Je ne demande ni visites, ni lettres dans la prison où on me mettra. Je n’aurai pas d’extraction si l’on veut, mais je serai à Paris respirant le même air, et ma mère me saura là ; c’est vivante et non morte qu’elle peut éprouver ce bonheur.
Recevez l’assurance de mon respect,
Voici la vérité ; s’il n’est pas un cœur d’homme pour le comprendre, qu’elle soit mon témoin.
Depuis dix-huit mois je n’ai pas lu une ligne de journal ; mais, à travers le mur de ronde qui nous sépare de la promenade, il m’est parvenu un lambeau de phrase : le choléra est à Paris ; il y a déjà longtemps de cela, toutes les dénégations n’y feront rien pour moi.
Puisque pas un ne se souvient que j’y ai ma place en cette circonstance, fût-ce dans un cachot sous terre, c’est à vous que je dis : Si on me traite en criminelle d’État, qu’on se souvienne que je viens loyalement me remettre moi-même aux mains des juges, et qu’on agisse de même à mon égard.
Autres fragments de lettres dans lesquelles je demandais à être conduite près de ma mère.