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Centrale de Clermont (Oise), no 1327.
21 novembre 1884.


Monsieur le ministre,

Je n’ai que ma mère au monde. Si je pouvais élever la voix, mes plus cruels ennemis demanderaient pour moi, vu les circonstances présentes, un transfèrement immédiat à Paris, puisque d’un instant à l’autre elle peut doublement m’être enlevée.

Je ne demande ni visites, ni lettres dans la prison où on me mettra. Je n’aurai pas d’extraction si l’on veut, mais je serai à Paris respirant le même air, et ma mère me saura là ; c’est vivante et non morte qu’elle peut éprouver ce bonheur.

Recevez l’assurance de mon respect,

Louise Michel.


Centrale de Clermont (Oise), no 1327.
Dimanche, 15 novembre 84
(personnelle)
Monsieur le président de la République,

Voici la vérité ; s’il n’est pas un cœur d’homme pour le comprendre, qu’elle soit mon témoin.

Depuis dix-huit mois je n’ai pas lu une ligne de journal ; mais, à travers le mur de ronde qui nous sépare de la promenade, il m’est parvenu un lambeau de phrase : le choléra est à Paris ; il y a déjà longtemps de cela, toutes les dénégations n’y feront rien pour moi.

Puisque pas un ne se souvient que j’y ai ma place en cette circonstance, fût-ce dans un cachot sous terre, c’est à vous que je dis : Si on me traite en criminelle d’État, qu’on se souvienne que je viens loyalement me remettre moi-même aux mains des juges, et qu’on agisse de même à mon égard.

Louise Michel.


Autres fragments de lettres dans lesquelles je demandais à être conduite près de ma mère.