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« La bataille qui s’engagera présage notre victoire, parce que la situation est telle que tous devront participer à l’action.

« Les opportunistes se laissent aller à la quiétude, ils comptent sur le parlementarisme ; mais ce parlementarisme, nous le battons en brèche et nous sommes sur le point d’en enfoncer la porte. »


Le citoyen Digeon prend alors la parole :


« Au nom des groupes anarchistes, dit-il, nous venons glorifier l’héroïne de la manifestation des Invalides.

« Devant cette tombe, réalisons l’alliance de tous les révolutionnaires, je le veux bien, mais sur le terrain de la liberté absolue et sans arrière-pensée.

« Je ne veux pas finir sans exprimer tout ce que j’ai amassé de haine contre les jouisseurs qui nous oppriment. Nous sommes les déshérités de l’ordre social ; c’est pourquoi nous avons hâte de voir l’avènement de la justice. »


Puis, le citoyen Champy vient rendre hommage à Louise Michel, il s’associe à sa douleur : « Il faut, dit-il, que la Révolution dont elle était l’apôtre donne au peuple l’égalité, le bien-être et la satisfaction de ses droits imprescriptibles, qu’il conquiert par son travail. »


Les citoyens Tortelier, Oudin, prennent ensuite la parole.


La foule s’est alors écoulée dans le plus grand calme : cela s’explique aisément d’ailleurs. Il n’y avait pas d’agents.


Merci, amis, vous tous qui étiez là.

Ainsi je vous revois, amis, je vous reverrai toujours autour de ma pauvre morte, réunis, sans distinction de groupes, dans une même douleur, dans une même espérance. C’est qu’après nous plus personne ne souffrira ainsi les mères séparées des filles pendant deux ans d’agonie.