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queurs disent que c’était en l’honneur des douze Apôtres, quoique cette manière de les honorer ne dût pas leur être infiniment agréable ; les savants prétendaient qu’ils signifiaient les douze signes du zodiaque, d’autres encore qu’ils étaient l’image des fils de Jacob, mais aucune de ces suppositions n’était généralement adoptée ; il s’élevait à chaque diablerie entre les savants, clercs et astrologues de la bonne ville de Chaumont nombre de querelles qui, se vidant à coups de plume, faisaient telle dépense de parchemin qu’une multitude d’âmes payaient de leur vie ces combats.


Toujours est-il que messieurs les Diables chantaient Quis est iste rex gloriæ avec autant d’entrain qu’auraient pu le faire ceux dont ils portaient le costume mais avec moins d’ensemble, le diable ayant l’oreille essentiellement musicale.

La diablerie de Chaumont durait du dimanche des Rameaux à la Nativité de saint Jean, et se terminait par les principales actions de la vie de ce saint représentées sur dix théâtres exposés à la dévotion des fidèles.

La fête se terminait par un supplice. (Point de bonne fête sans cela à ces époques-là et même à la nôtre !)

Le supplice n’était d’ordinaire que figuré — l’âme d’Hérode qu’on brûlait étant un mannequin.

Mais la dernière année qu’on fit ces saintes orgies eut lieu un événement qui hâta leur fin.